mercredi 1 juillet 2009

Epilogue.

Mais que... Ça n'a pas marché?

C'est la première pensée que j'ai eu après être devenue ce que je suis maintenant. Ce que je suis? Difficile à dire. Je n'ai pas de corps. Pourtant j'ai des sentiments. J'ai même encore plus de sentiments. Je n'ai rencontré aucune autre âme étant dans le même état que moi. Car c'est probablement ce que je suis, une âme. Mais je n'ai pas perdus tous liens avec le concret. Je peux maintenant manipuler la matière. Pas de façon très importante. Mais je peux créer des choses à partir d'atomes. Je peux aussi les briser.
Et j'en ai brisées. Beaucoup. J'ai brisé les veines les plus importantes dans le cerveau de huit personnes. Sur ces huit personnes, deux m'étaient inconnues. Mais je n'avais que faire des dommages collatéraux. Je voulais juste qu'ils paient. Ce policier qui fouinait partout! J'ai pris beaucoup de plaisir à le tuer, d'autant plus que je le faisais devant Émilie!!
En ce qui concerne le Docteur, celui là m'a bien contrarié! J'ai broyé son cerveau tant j'étais en colère contre lui! Il a détruit tout mon plan. J'ai du tout revoir. Mais je me doutais qu'il serait agaçant. Je me souviendrais toujours de cette façon qu'il avait eu pour m'annoncer que j'étais enceinte. Comme s'il comprenait! Comment aurait-il pu comprendre!! C'était un mec! Comment un mec aurait pu comprendre ma situation! Et ses interrogatoires! Dire que j'ai craqué et que je lui ai révélé le père!
Entre les deux ce dernier avait tué le mien, de père à contre cœur, certes, mais c'était bien mieux ainsi. J'étais cependant presque déçue de n'avoir pas pu le faire. Il ne m'avait jamais prêté la moindre attention. Il ne me parlait que pour me rabaisser. Jamais de compassion. Jamais un mot gentil. Les seuls moment où il se comportait en père, c'était quand des gens étaient présent. Des personnes qui s'étonnaient que je sois si désagréable avec lui!!
Et puis Mathieu s'est sacrifié! Je ne pensais pas qu'il aurait le courage de le faire. Mais ça m'a saoulé. Par contre le tuer tout tremblant, alors qu'il voulait embrasser sa foutue copine, ah! Ça m'avait soulagé. J'ai souvent repensé à la façon dont il m'avait largué. Comme une merde! Genre il s'en foutait. Genre c'était normal! Il ne me laissait même plus lui parler. En public il me disait qu'il préférait ne pas me parler. Il me traitait comme si je n'étais rien! J'avais son enfant en moi et lui m'ignorait! Il m'avait fait l'amour des dizaines de fois, il s'était montré tellement gentil et d'un coup était devenu un salaud! J'étais vraiment contente de le voir trembler en pleurant. L'arrivée de sa copine m'a un peu déçue mais au final c'était encore plus plaisant de lui ôter ce qu'elle m'avait ôté, en sa présence. Elle a pleuré sur son corps jusqu'à ce que quelqu'un parvienne à les séparer. Je jubilais!
La proviseur finalement à coté, c'était moins bien. J'avais bien aimé le cri de Ludivine. La panique, tout ça. C'était sympa.
Et finalement les deux sœurs. Celle qui m'avait trahi. Et celle qui avait volé mon amour! J'ai longtemps espéré qu'une des deux craque. Mais rien n'y a fait. J'aurais vraiment aimé, expliquer à la dernière que j'étais derrière la mort de tous leurs amis! Mais finalement les laisser mourir, toutes seules dans leur coin, pleurant comme des gamines en écrivant leurs lettres, en se téléphonant, sans qu'elles ne sachent même pourquoi elles devaient mourir, cette sensation était tellement agréable que je n'ai pu me résoudre à l'interrompre. Et elles sont mortes comme les autres, sans savoir pourquoi.
Je suis allé à leur enterrement pour voir. J'avais l'intention de supprimer ceux qui me saouleraient. Mais devant toutes ces personnes en deuils, je me sentais bizarre. Je n'étais pas allé à mon enterrement. Mais d'entendre parler de ma mort comme regrettable et regrettée, ça m'a touchée. Alors j'ai écouté tranquillement. Sinon le proviseur adjoint serait mort aussi. Il m'a passablement énervé en parlant de Mathieu comme il le faisait. J'étais la seule à avoir le droit de le juger après ce qu'il m'avait fait. Mais j'ai été prise dans l'ambiance. Et les lettres ont été lues.
Je n'avais pas prêté attention à ce qu'elles écrivaient. Mais cette fois au travers des voix de ses filles que je connaissais un peu, surtout Louise, j'ai ressenti la pensée des deux sœurs.
Tout a alors changé. C'est un peu comme si j'avais porté des lunettes déformantes et que soudain quelqu'un le voyait et me les enlevait. Petit à petit j'ai pris la mesure de la situation. J'ai commencé à ressentir un malaise. Tous ces gens que j'avais tués sans même une hésitation, est ce qu'ils le méritaient vraiment?
La brèche ainsi ouverte, j'ai tenté de me leurrer de nouveau, mais dans leurs lettres Ludivine et Émilie parlaient de moi. Et ce qu'elles disaient était tellement vrai. L'image de Mathieu au sol, tremblant de peur, pleurant la fin de sa vie pour avoir fait quelque chose de courageux m'est alors revenue. Par la même occasion, mes souvenirs de lui revinrent. Ses caresses, ses mots doux, sa gentillesse avec moi. Et une discussion.
- C'est vraiment un connard ce type!
- Mais non, Clémentine. Au contraire.
- Mais t'as vu comment il a lâché sa copine!
- C'est qu'une série! haha!
- C'est pas le sujet, ça ne se fait pas.
- Au moins elle n'espérera pas pendant des lustres. C'est courageux au contraire je trouve de passer pour un salaud afin d'éviter à l'autre de souffrir trop longtemps et en vain.
- Mouais. Je ne suis pas convaincue...
Nous avions eu cette discussion après avoir vu un épisode d'une série pour ado dont je ne me souvenais plus très bien. Mais cette discussion était la pierre de rosette traduisant l'attitude de Mathieu.
Cette prise de conscience me fit très mal. Soudain, tout perdait son sens. Soudain des choses si simples devenaient compliquées. Soudain Ludivine n'était plus une sale garce, mais une fille triste, amoureuse du copain de sa sœur. Deux personnes qu'elle admirait ouvertement. Soudain sa crise de nerf pendant laquelle ma meilleure amie m'avait giflée et jeté hors de chez elle, prenait son sens. Elle aussi, comme moi, elle se voilait la face!
Et le docteur Rainu, qui s'était sacrifié sans même trembler. Pourquoi le voyais-je si mauvais? Il ne voulait que m'aider. Même la proviseur!

Et Emilie. Cette fille parfaite. Voilà qu'elle regrettait de ne s'être pas penchée sur le cas de celle là même qui l'avait tuée. Mais pourquoi? Pourquoi avais-je tuées toutes ces personnes! Pourquoi, voulais-je tuer mon propre père, certes pas un père parfait, mais pas non plus le plus mauvais!

J'avais tué mon amour. J'avais tué ma meilleure amie. J'avais tué mon médecin prévenant. J'avais tué un policier qui faisait juste son travail. J'avais tué une fille qui alors qu'elle ne me devait rien, s'excusait auprès de moi.

C'était trop. Je tombais en pleurs. Les sentiments se mélangèrent en moi. Ma tristesse ancienne était toujours présente. Ma colère aussi. Mais les nouveaux sentiments qui naissaient en moi étaient trop fort, comme s'ils avaient toujours été au fond de moi, compressés, secoués, violentés, et expulsés ils prirent l'ascendant. La tristesse, le remord, le regret. Le tout emmêlé me ravagea la conscience. Je partais dans un délire de douleur. Les images anciennes se liaient aux sons présents, Mathieu me regardait alors que je me réveillais. Puis il tombait entre les bras d'Émilie qui me disait alors bonjour gentiment en me croisant dans la rue avec sa sœur, puis s'affalait sur le sol, les yeux convulsés, les larmes sur les joues dans une position quasiment exacte à celle que Ludivine prit pour mourir, elle aussi. Mais elle se releva, les yeux blancs, un filet de sang lui coulant de l'oreille, elle disait:" Je suis désolée! Je suis désolée! Je l'aimais tant, mais je ne pouvais pas l'avoir!! Et toi, et toi tu l'as eu! Mais je suis désolée! Je ne voulais pas te gifler, ni te chasser mais mon corps bougeait tout seul!" Puis elle retomba. Les visages de tous ceux que j'avais tué et de mon père se mêlèrent criant de douleur, pleurant. Finalement les mouvements s'arrêtèrent après avoir formé un crâne. Je ne voyais que ses cheveux. Bruns. Ils bougèrent. Le crâne pivotait. Les pleurs retentissaient toujours plus fort. Je regardais ailleurs. Mais le nouveau visage ne disparut pas. Et ce fut le mien que je pu fixer dans les yeux. Des yeux larmoyants. Mon visage pleurait devant moi. Dans mes yeux je pouvais voir Mathieu, Emilie, Ludivine et les autres. Au sol se tenant la main. Puis le visage disparut. J'étais seule.

Seule avec ma tristesse. Seule avec mes remords. Seule avec mes regrets. En vérité je n'étais pas seule, car des humains pleuraient avec moi. Ma détresse était telle que je la leur transmettais. Mais je n'étais plus humaine. Je ne voulais plus que disparaître. Il était impossible de vivre avec une telle douleur. Si seulement je n'avais pas eu cette idée de Hunt's Game.

Mais voilà. Je ne suis pas humaine. Je ne peux pas mourir. Cette fois, je ne peux pas en finir.

FIN

Chapitre 6: Enterrements. Accablement.

La nouvelle a couru dans tous les environs. Aussi en ce dimanche, le cimetière est plus rempli qu'il ne le fut jamais.
La foule avait d'abord suivit les cercueils à partir de la morgue. Cela jusqu'au cimetière. Nombreux sont les lycéens présents. Et pour cause, les deux personnes, devenues cadavres, étaient dans leur lycée. Partageant leurs peines et joies. L'émotion est logiquement très forte. Nombreuses sont les lycéennes qui s'effondrèrent pendant la marche. Certains garçons aussi, probablement amoureux de la plus âgée des victimes. Peut être aussi de la plus jeune.
Mais c'est maintenant que l'émotion atteint un paroxysme rarement croisé. Le proviseur adjoint prend la parole.
"Notre lycée a été frappé cette année d'une terrible moisson. La première à nous quitter fut Clémentine Stabinski. Son père d'ailleurs l'a suivie peu de temps après. Le docteur Rainu qui régulièrement intervenait chez nous s'en est aussi allé. Mais il y a dix jours de cela la machine s'est emballé. Un des élèves les plus apprécié du Lycée, brillant élève, délégué et promis à un futur radieux s'est écroulé sur le sol même de notre lycée, quelques minutes à peine après la disparition tout aussi tragique de notre proviseur. Mathieu, Ophélie, nous pensons à vous aujourd'hui aussi. Mais le destin n'en avait pas encore terminé avec notre lycée. Et c'est il y a de cela trois jours qu'Émilie et Ludivine Graçin nous fûmes retirées. Elles avaient été témoins de la mort inexplicable d'Ophélie Suarez, notre ancienne proviseur. Pire encore, Mathieu était mort dans les bras de l'ainée des deux sœurs, Émilie. Les derniers jours de tous nos morts furent mouvementés. La police, d'ailleurs, s'échine à trouver ce qui s'est passé. Mais nous ne sommes pas ici pour alimenter les journaux. Nous sommes tous réunis ici pour dire un dernier "au revoir", à ces âmes chères. Les deux sœurs ont laissées des lettres pour leurs proches. Certains extraits nous ont été dévoilés avec l'autorisation de la police. Ils vont être lus par deux de leurs plus proches amies."

Deux jeunes filles s'approchent. Visiblement intimidées par la foule. Celle qui semble la plus âgée s'avance.
"Je vais vous lire un extrait de la lettre d'Émilie: Longtemps j'ai cru que ma vie serait toujours aussi agréable qu'elle le fut dès ma naissance. Mais ces derniers jours ont totalement bouleversés cette idée. D'autant plus que je vais mourir dans quelques heures. Pire encore je serai accompagnée de ma sœur. Mais elle ne veut pas que je me sacrifie pour elle. Je ne sais où la trouver. J'écris donc ces quelques mots pour laisser une trace de mon passage. Mathieu n'a pas eu le temps de le faire. En partie parce qu'il fut obligé de me chercher pendant deux heures. J'aurais souhaité qu'il ne m'amène jamais au lycée. Mais cela n'aurait rien changé. Car c'est clair maintenant. Nous devions tous mourir. Pourquoi? Je ne sais pas encore. J'y réfléchirais pendant mes dernières heures. Mais d'abord je veux remercier toutes les personnes qui m'ont rendue heureuse! Car je l'ai été durant ma vie entière. Qui peut se dire cette chance? Merci Papa. Merci Maman. Merci Mathieu. Merci Rachida..." sur ces mots la lectrice se retourne. Dans le silence pesant, on entend très bien ses sanglots. Rachida ne pouvant continuer elle cède la place, à l'autre jeune fille.
"Rachida, reprendra sa lecture bientôt. Mais comme vous vous en doutez elle a besoin de se calmer. Je ne vous promets pas de ne pas en avoir besoin moi aussi: Maman, Papa, Émilie pardon. J'ai besoin de me libérer de ce poid avant de partir. Je vous en supplie vous qui lisez cette lettre faites lire au moins les lignes qui vont suivre. J'étais la meilleure amie de Clémentine Stabinsky. Mais elle est morte à cause de moi. Je suis tellement désolée! Un jour elle est venue me voir pour me parler d'un garçon dont j'étais amoureuse. Elle m'a dit qu'elle été sortie avec lui durant des mois. Mais qu'il l'avait lâchée. Et qu'elle en était enceinte. Je l'ai chassée de chez moi. Je hurlais qu'elle mentait, que ce garçon ne ferait jamais ça à sa copine, et qu'elle inventait des histoires pour se rendre intéressante. Je l'ai même giflée. Aujourd'hui je sais qu'elle disait vrai. Je sais aussi que le garçon n'était pas tant en tort que l'on pourrait le croire. Mais juste après ma dispute avec Clémentine, elle est rentrée chez elle, s'est fait couler un bain, et s'est taillée les veines après s'être gavée de médicaments et d'alcool. C'est ma faute. Il fallait que les gens le sachent. Je ne suis pas une fille bien. Mais je ne veux pas mourir pour autant. Pourquoi tout cela nous arrive-t-il! Pourquoi a-t-il fallu que Mathieu se sacrifie pour sauver des vies qui vont finalement disparaitre elles aussi. Je ne crois pas en Dieu. Si un Dieu existait il n'aurait jamais autorisé ce genre de choses!
J'aimerais que ce soit Louise qui lise mon message. Elle à toujours été gentille avec tout le monde, en particulier avec moi. Et j'aimerais qu'au moins ma mort serve à quelque chose: Les gars! S'il y a des prétendants parmi vous allez la trouver. Il y a trop longtemps qu'elle est seule. Et elle mérite d'être heureuse.
(Louise lisait difficilement ce passage, elle rougissait de plus en plus à chaque phrase mais continuait courageusement). Je vais m'arrêter là en disant à ma soeur que je l'aime. Je ne la laisserai pas se sacrifier pour moi. Papa, Maman, je suis sûre que vous comprenez. Mais j'arrête là, sinon je vais encore me lamenter. Et puis... l'heure approche. Au revoir (ou pas ^^°)."
Louise éclate en sanglots. Cette touche d'humour tellement inatendue fait ressortir tous ses souvenirs de Ludivine. D'ailleurs, toute la foule semble être prise d'un accablement, les pleurs résonnent d'autant plus que le silence est total en dehors de gémissements de peine.
Pendant quelques minutes, le Proviseur adjoint meuble en attendant le retour de Rachida.
Une rumeur parcourt la foule quand elle apparait de nouveau, le papier dans une main, un paquet de mouchoir dans l'autre et les yeux rougis.
"
Merci Papa. Merci Maman. Merci Mathieu. Merci Rachida. Merci au reste du petit groupe, elles se reconnaitront! Salut les filles! Finalement nous partirons toutes deux ma sœur et moi. Toutes les deux chasseuses et cibles, chacune refusant de trouver l'autre. Un message nous préviens qu'a cause de l'héroïsme du Docteur Rainu, les plans ont du être changés. Seule une personne devait survivre au précédent round. Mais nous fûmes deux grâce au sacrifice inutiles de trop de personnes! Mais maintenant que mon heure est proche, c'est tout autre chose qui me saute au visage, je me rends bien compte du tourment qu'à du vivre Clémentine Stabinsky. Soudainement séparée de tout ce qu'elle prenait pour acquis. Sans personne pour la secourir alors que la tristesse prenait place dans son coeur. Dire que je l'ai détestée à cause de sa relation avec Mathieu. (il ne fait pas de doutes que la vérité sur les relations entre tous ces morts sera révélée suite à tous ces décès inexpliqués, je me permets donc de dire ce que je sais.) Finalement à deux pas de la mort, je me dis que pour aller sciemment dans cette direction, il faut que la tristesse soit terrible. Il faut être déboussolé à l'extrême. Et il faut être seul. Clémentine était seule. Elle a du se déshabiller en pleurant. Faire couler son bain tout en buvant pour se donner le courage de dépasser la douleur physique. Et pendant tout se temps, dans son esprit il ne devait y avoir que tristesse et colère. Elle devait revoir Mathieu la quitter froidement. Elle devait revoir Ludivine la jeter hors de chez nous furieuse. Elle devait me voir moi, au bras de Mathieu, l'embrasser régulièrement, lui parler un peu rudement, être cent fois moins attentive avec lui qu'elle ne l'était. Elle devait me détester! Mais la personne qu'elle détestait plus encore c'était elle. Toutes ces morts finalement m'ont appris que tant qu'on est vivant il faut faire attention aux autres. Cette fille j'ai eu tant d'occasions de lui parler! Elle venait souvent chez moi voir ma sœur. Mais je la snobais. Elle avait même essayé plusieurs fois de se rapprocher de moi par l'intermédiaire de ma sœur, mais je me fichais de cette fille. Bientôt je serai aussi morte qu'elle. J'aurais aimé qu'à ma mort et celle de ma sœur ce fut elle qui lu la lettre de ma sœur et la mienne. Je ne sais toujours pas pourquoi dans quelques secondes je serais morte, mais je sais que j''aurais pu sauver une vie. Désolée Clémentine. On se verra peut être de l'autre coté. Mais je crois surtout qu'il n'y a pas d'autre coté. Alors ma sœur, Mathieu, Papa, Maman, Rachida, Les filles, et tous les autres. A jamais. Et Clémentine: A jamais."

La foule toute entière est secouée de tremblements. La foule toute entière est en larmes. Tous ne savent pas pourquoi ils pleurent. Mais une telle vague de tristesse s'est abattue sur cet endroit que personne n'y échappe. Les employés des pompes funèbres pourtant rodés à ce genre d'exercices eux mêmes sont à genoux, les sanglots secouant leurs corps. Pour décrire ce sentiment les gens diraient plus tard qu'il s'agissait d'une tristesse profonde, mais très clairement aussi d'intenses regrets, voire remords. Personne ne put jamais déterminer ce qui avait causé cette vague de douleur. Mais tous s'en souviendraient toute leur vie.

mardi 30 juin 2009

Chapitre 5: Etre convoqué chez le proviseur n'est jamais bon signe.

"Madame, je dois vous demander de mourir."
Il n'a pas hésité une seconde dans son débit. Il est sûr de son fait. A l'autre bout du fil sa proviseur, Madame Suarez ne bronche pas. Elle sait que cette journée sera sa dernière.

Quelques minutes plus tôt, Émilie s'était réveillé. Son sommeil avait fortement pâti des derniers évènements. Elle essayait de se montrer forte devant sa famille, elle voulait faire honneur au Docteur Rainu. Mais toute la bonne volonté du monde ne peut rien contre les insomnies et ses nuits se résumaient à de courtes périodes de sommeil agité dont chaque réveil était une torture, tant elle craignait de voir de nouveau apparaître la feuille qui entraînerait encore les horreurs de la mort et des spéculations toutes aussi morbides. Mais jusque là seul son coeur battant à tout rompre la tenait éveillée après ces réveils difficiles. Jusque là. Car cette fois ci, sa main avait attéri directement sur un papier posé sur son lit. Elle espéra bien que ce n'était pas l'objet de ses craintes. En vain.

Cibles: Ophélie Suarez; Ludivine Graçin
Chasseurs: Mathieu Garron; Emilie Garçin; Ludivine garçin.


"Ludivine? Mais pourquoi!? Pourquoi ma petite soeur doit-elle prendre part à cette folie!! Elle n'a que quinze ans! Bandes d'enfoirés!" Elle se retint de hurler. Elle aurait pu faire accourir sa soeur et elle ne voulait surtout pas trouver sa propre soeur!
Elle doit prendre contact avec les autres!

Ludivine se réveille doucement. Il est trop tôt. Un papier la gêne. Dans deux heures elle devra être en cours mais elle peut encore dormir une demi heure. Elle s'était déjà réveillée quelques minutes auparavant. Quelques minutes passent. Il est maintenant six heures. Elle s'étire longuement. Le papier la gêne de nouveau, elle suppose qu'elle s'est endormi en révisant. Elle met donc le document dans son sac sans même y jeter un œil puis elle descend prendre son petit déjeuner.
- Emilie n'est pas là, maman?
- Non, elle est partie en avance. Elle avait des choses à faire.
- A six heures du matin? Vous laissez vraiment tout passer!
- C'est un entraînement.
- Pour quel sport?
- Tu lui demanderas quand tu la verras. Dépêches toi plutôt de manger, on sait toutes les deux combien de temps il te faut dans la salle de bain!
- Mouais...
Comme prédit par sa mère, elle met trop de temps dans la salle de bain et doit se dépêcher pour avoir le bus. Il est sept heures quarante cinq, quand elle monte dans le bus qui l'emmène au lycée. Le temps passe vite. Elle discute avec ses copines de classe, de tout et de rien. De Twilight, du fait qu'elle ne trouve vraiment pas le vampire beau, qu'elle préfère amplement Brad Pitt dans Entretien avec un vampire. Le bus s'arrête. Tout le monde descend. La grille du lycée n'est pas bien loin. Un murmure commence à prendre dans le groupe d'élèves. Le motif ne tarde pas à apparaître au yeux de Ludivine, en effet la proviseur attend devant la grille! "Mais pourquoi elle est là?" lui demandes un garçon, "Ce que j'en sais!". Elle ne prend pas la peine d'être sympa avec les garçons. Elle n'en chérie qu'un seul. Le problème étant que ce garçon est aussi le copain de sa soeur. Mais apparemment les choses ne vont plus très bien. Elle se dit qu'elle aura peut être sa chance. Il s'est toujours montré très sympa avec elle. Il est en plus particulièrement beau. Pas une beauté commune, mais un visage fin, des cheveux assez long coiffés au gel. Blond. Un style très travaillé. En plus elle le trouve très intelligent. Elle se sait jolie, mais sa soeur l'est encore plus. "Déjà elle à plus de poitrine... Mais normalement à son âge moi aussi." Mais ses rêveries s'interrompent brusquement. La proviseur vient de la nommer et la sommer de la suivre! "Pourquoi moi?!" se dit-elle. Mais elle suit la proviseur sans mots dire. Elles arrivent bientôt dans son bureau.
- Rassure toi tu n'as rien fait de mal, Ludivine.
- Ah! Mais pourquoi est ce que vous voulez me voir alors?
- Tu étais amie avec Clémentine Stabinsky n'est ce pas?
- Oui. Pourquoi vous me parlez de Clem?
- Parce que je n'aurais peut être plus jamais l'occasion de le faire. Je sais qu'elle ne m'aimait pas.
- C'est que...
- Tu peux parler.
- Vous étiez toujours sur son dos! Quoi quelle fasse, même si elle n'était pas la seule à faire des conner... euh des bêtises, c'était toujours pour elle!
- Pourquoi d'après toi?
- Vous ne l'aimiez pas...
- C'est pourtant faux. Clémentine était peut être l'élève dont je me suis sentie la plus proche de toute ma vie.
- On aurait pas dit.
- Tu sais aussi bien que moi qu'elle était très influençable, Ludivine. D'ailleurs, tu ne la suivais que rarement quand elle allait trop loin. Tout ce que je voulais c'était l'empêcher de commettre l'irréparable. L'empêcher de gâcher son avenir. Mais elle le prenait tellement mal, que je me suis retrouvée désemparée.
- Oui. On peut dire qu'elle le prenait mal. Elle rentrait souvent en pleurant après être passée par votre bureau. Mais un jour elle m'a dit que vous ne la grondiez quasiment pas ces fois là. C'est vrai.
- A partir d'un certain âge, gronder, ça ne fonctionne plus, il faut faire comprendre. Et dans le fond, Clémentine comprenait. Mais maintenant qu'elle est morte... Je me demande si j'ai bien joué mon rôle.
- Vous vous posez trop de questions. Elle a toujours été triste vous savez. Et son père ne s'occupait pas d'elle, elle lui rappelait trop sa mère d'après Clémentine. Il ne faisait que travailler. Et pour l'aider dans ses devoirs il payait des amis à elle.
- Comme Mathieu.
- Un peu mais il y en a qui y allaient plus souvent. Et puis elle n'avait pas l'air très contente quand Mathieu passait chez elle. Et lui il n'aimait pas trop ça non plus... Je crois...
Un silence gêné s'installe.
La sonnerie de début de cours retentit.
- Il faut que j'y aille Madame!
- Non non. Pas tout de suite. ne t'inquiète pas. Ils ne vont plus tarder beaucoup.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre violemment, et une personne est jetée tout aussi violemment dans le bureau. Elle se tient les oreilles et ferme les yeux de toutes ses forces, à tel point que Ludivine manque de ne pas reconnaître sa sœur.
- Emilie! Mais qu'est que tu fais?! Relèves toi!! C'est la honte ce que tu fais!!
Il est huit heures et douze minutes. La partie a commencée à cinq heures et trente trois minutes.
La proviseur se dirige vers Emilie et de force l'oblige à enlever ses mains de ses oreilles, puis lui glisse à l'oreille: "tu sais très bien que je suis Ophélie Suarez ta proviseur". Sur ces mots elle s'effondre.
Les cris de Ludivine transpercent les tympans d'Emilie.
Emilie ouvre donc les yeux et prend sa petite soeur dans ses bras, elle regarde à travers ses larmes le corps de sa proviseur. Ainsi donc Mathieu l'avait déjà rencontrée comme elle s'en doutait.
Sa petite soeur est sauvée. Mais à quel prix! Le garçon qu'elle aime plus que tout va lui aussi mourir dans les minutes qui viennent. Mais que faire? Elle ne peut laisser sa soeur toute seule dans cette situation. Heureusement le proviseur adjoint vient d'arriver avec quelques surveillants. Elle leur confie sa soeur, lui promet de revenir tout de suite et part en courant.
Elle décide d'appeler Mathieu. Mais alors que les premières tonalités se font entendre, elle perçoit la sonnerie de ce dernier derrière les sapins. Mais bien sûr c'était là déjà qu'il se cachait quand il voulait réfléchir au calme au lycée!
Il a éteint son portable. Mais elle peut déjà le repérer. Elle suit les sons diffus qui lui arrivent par à-coups et tombe sur celui qui était son petit ami depuis deux ans. Qui l'avait trompée. Qui venait de sacrifier pour la sauver elle et sa petite sœur. Et qui tremble maintenant de tout son corps secoué par des sanglots qu'il tente de réprimer. Il est assis par terre. Il ne la remarque même pas. s'assoie alors contre lui.
- Merci, Mathieu.
- ...
- Merci de m'avoir sauvé la vie et celle de ma petite soeur.
- J'ai peur.
Elle comprend à peine ses paroles. Mais assez pour le prendre dans ses bras.
- Emilie. Je suis désolé! Je suis tellement désolé. Je l'aimais tu sais! Moins que toi, mais je l'aimais! C'était tellement difficile de choisir! Et puis elle était "nouvelle". Je suis tellement désolé. J'aurais tant voulu être à ta hauteur. Et même maintenant alors que j'ai décidé que toi et ta soeur étaient prioritaires, je meurs d'envie de monter la haut pour aller trouver ta soeur avant que les trois heures soient passées! Et je suis ici, à pleurer. J'ai peur. Tellement peur. Je ne peux pas mourir! Ce n'est pas possible! CE N'EST PAS POSSIBLE!!
Ses sanglots redoublent d'intensité.
- Emilie. Je t'aime. Je n'arrive pas à croire que tu ne m'aimes plus.
- Qui a dit que je ne t'aimais plus.
- Tu m'as largué. C'est assez significatif.
- J'étais en colère. Mais je t'aime Mathieu. Et je ne dis pas ça parce que tu seras mort dans quelques minutes. Si tu veux savoir, j'hésite moi même à t'amener de force devant ma soeur. Peu importe que tu m'aies trompé maintenant.
Mathieu regarde alors sa montre. Il blêmit.
- C'est pour bientôt.
Les larmes lui montent aux yeux. Mais Emilie l'embrasse. Passionnément. Mathieu veut lui rendre son baiser, mais il tombe. Il est huit heures trente quatre. Dans sa poche un document a pour titre: Dernière partie Mathieu?

dimanche 28 juin 2009

Chapitre 4: La lettre de Laurent Rainu

A l'attention de Mathieu et Émilie.

Désolé de vous avoir menti mais c'était nécessaire. Je suis beaucoup plus vieux que vous, il fallait que je sois le seul à mourir.

Émilie, tu dois te demander pourquoi je n'ai pas suivi ton plan qui pourtant aurait probablement conduit à ma seule mort? Je sais très bien que tu n'aurais jamais accepté de venir me trouver. J'aurais attendu en vain et tu te serais arrangée pour qu'au contraire on ne te trouve jamais. Ainsi tu serais morte pour n'avoir trouvé personne. Voilà pourquoi je t'ai laissé croire que je suivais ton plan. Je suis heureux d'avoir réussi à t'attirer ici. Si tu te demandes comment j'ai fait pour te savoir présente sans que cela ne sois considéré comme une reconnaissance par moi de toi et de Mathieu, c'est grâce à mon téléphone portable! La résolution de sa camera n'est pas assez importante pour reconnaitre des personnes de nuit. Aussi sur mon écran je n'aurai que deux silhouettes. (je parle au futur car au moment où j'écris cette lettre tu n'es pas encore arrivée. Mais j'ai bon espoir dans ce que mon plan fonctionne.)
D'ailleurs comment vais-je faire pour vous approcher sans vous reconnaitre pour autant? C'est assez facile! Les yeux fermés et de la musique à fond dans les oreilles. Merci les portables modernes!
Je pense que vous avez réussi à remonter mon plan en entier maintenant. Mais le voici au cas où:
- D'abord j'ai bien écouté les indications d'Émilie.
- Je me suis retourné sur les règles. Et j'ai supposé que lorsque quelqu'un était à la fois cible et chasseur, il était considéré (logiquement) qu'il ne pouvait se trouver (où qu'il se trouvait au moment même où le jeu commençait, ce qui induit le même résultat.). Donc n'était le chasseur que des autres cibles.
- Pour faire simple, il faut absolument trouver toutes les cibles sans jamais être le dernier pour survivre.
- Donc j'ai compris que pour qu'il n'y ait qu'un seul mort et que ce seul mort soit moi il fallait plusieurs conditions:
1. Mathieu devait me voir en premier. Dans le cas contraire, il n'aurait pas trouvé une cible et serait mort. Mais il ne fallait surtout pas que je le trouve. Émilie aurait été la dernière à trouver la cible Mathieu et serait morte malgré les autres résultats.
2. Émilie devait trouver Mathieu. Pour les mêmes raisons: trouver la cible Mathieu avant moi.
3. Enfin il fallait qu'Émilie me trouve. Sous peine de mourir.
Le tout dans l'ordre. Ainsi j'étais trouvé de tous avant les trois heures et je perdais. Si le délai de trois avait été dépassé, Émilie serait morte.
Si j'ai fait venir Mathieu en premier c'était pour conforter Émilie dans l'hypothèse que je suivais son plan. J'ai pensé qu'elle aurait pu appeler Mathieu pour savoir s'il m'avait trouvé. J'avais aussi demandé à Mathieu de ne pas révéler l'endroit où il se trouvait à Émilie en prétextant qu'elle ne devait pas le trouver immédiatement.


Finalement je me suis arrangé pour prendre un taxi que je connais bien et être vu par Mathieu. Le taxi m'indiquant qu'une personne approchait mais il fallait voir directement (ou entendre) pour que cela soit considéré comme trouver. J'ai compris cela à partir des indications d'Émilie qui alors qu'elle se doutait bien que le raffut fait en dehors de la cave était du à son petit ami, le policier ne s'était écroulé qu'après qu'elle ait vu le visage de Mathieu. Il fallait donc physiquement rencontrer la personne pour que cela soit compté comme l'ayant trouvé.
Le reste vous le connaissez!
Je n'ai pas trouvé Mathieu. Donc je suis le perdant pour la cible Mathieu. Mais comme personne ne meurt avant la fin des trois premières heures (pour que tout le monde puisse trouver une cible il faut que tout le monde survive) je suis resté vivant le temps qu'Émilie me trouve, et ainsi avoir été trouvé par tout le monde, donc être aussi le perdant pour la cible que je représente. Je perds sur les deux cibles. Donc personne d'autre ne perd.

Si vous lisez cette lettre c'est que j'ai réussi.
Et donc que je suis mort. Aussi faites moi le plaisir de vivre réellement votre vie. Je ne sais pas si ce "jeu" s'arrêtera un jour mais tenez bon. Et ne perdez pas espoir. Vous êtes jeunes vous méritez de vivre.

Dites vous que je suis parti heureux de pouvoir mourir d'une si héroïque façon. Voilà une mort qui n'est pas banale! Et mieux encore, voici une mort qui a un but! Très rare sont les personnes à qui cette chance est donnée.

Mathieu, il faut cependant que je te dise quelque chose. Je ne sais pas si je fais bien mais il me semble que la vérité vaut bien quelques sacrifices. Clémentine Stabinsky était enceinte de toi. Je l'avais remarqué et elle avait fini par m'avouer que suite à un oubli de pilule, elle était tombée enceinte de toi. Je doute qu'elle t'en ai informé. D'après ce qu'elle m'avait dit vos adieux avaient été plutôt froid.

Sur ce je vous laisse. Je viens d'apercevoir une nouvelle silhouette sur mon portable. J'ai laissé une autre lettre pour ma famille dans ma poche, faites en sorte qu'elle arrive à destination, je n'ai pas confiance dans la poste. Vivez votre vie de manière à n'avoir pas à rougir de mon sacrifice, c'est tout ce que j'espère pour vous. Je ne crois pas en dieu donc je ne dirais pas adieu, mais à jamais.

Chapitre 3: Doublés

Cibles: Laurent Rainu; Mathieu Garron
Chasseurs: Laurent Rainu; Mathieu Garron; Émilie Graçin

Mathieu n'arrive pas à détacher son regard de la feuille. "Qu'est ce que c'est encore que ce bordel!" En premier lieu il ne pense qu'à sauver sa vie. Pour cela il lui faut absolument trouver le médecin en premier. Sinon il est mort. Impossible de se trouver soi-même! Mais quel résultat cela aura-t-il? Son cerveau bouillonne. Impossible de réfléchir calmement.
Depuis une semaine, il ne dort quasiment plus, redoutant son réveil. Mais sa veille est un supplice. Il revoit le visage de ces deux hommes mort par sa faute. L'un de sa propre main. Il n'a jamais été particulièrement intéressé par les autres. L'adolescence il faut l'avouer n'est pas portée sur le sort d'autrui. Mais depuis une dizaine de jours maintenant, il ne peut plus penser qu'aux autres. Il a vu trois personnes mourir en quelques jours. Et on lui demande de réfléchir?
Et pourtant. Il retrouve vite son calme. D'abord mettre au point un plan. Puis agir.
Après quelques minutes d'intense réflexion, il se lève et marche vers le téléphone. Mais Laurent Rainu, son médecin de famille, n'est pas à son cabinet (évidemment.) et il ne trouve plus son numéro personnel.
- Et merde! Ça ne m'arrange pas!
Sur ces mots il s'habille et sort de chez lui, tout en prenant garde à ne pas réveiller sa famille.

Émilie ne sait que faire. Elle marche de long en large dans sa chambre. Elle s'est réveillée elle ne sait comment à trois heures du matin. Mais il est vrai se dit elle que son sommeil n'est plus ce qu'il était. Elle a d'abord hésité à chercher le médecin. Sa colère envers Mathieu est énorme. Elle n'a jamais pu supporter la trahison! Dire qu'il lui faisait pendant tout ce temps des déclarations passionnées alors qu'il se tapait la meilleure amie de sa petite sœur. Elle allait d'ailleurs tomber de haut en apprenant cette nouvelle. Elle avait souvent exprimé à sa grande sœur l'admiration qu'elle avait pour son petit ami. A un point tel qu'Émilie se demandait si sa petite sœur n'était pas jalouse d'elle. Mais malgré toute sa colère, elle n'avait au fond pas la moindre envie de voir Mathieu mourir et son idée s'évapora rapidement pour essayer de trouver une solution. Le fait que sa vie soit en danger réel cette fois, ne la panique pas particulièrement. Et bien qu'elle s'en étonne elle s'en réjouit grandement. Elle peut réfléchir calmement. Finalement elle opte pour un plan et sort de chez elle, son portable à la main.

Laurent Rainu, une bonne quarantaine d'année est réveillé quelques minutes après s'être rendormi. Son téléphone sonne. C'est une de ses patientes, Emilie Graçin. Après des débuts de discussion confus, il comprend que ce papier qu'il a trouvé sur son oreiller n'est pas une blague de mauvais goût.
- Que veux tu que je fasse Emilie?
- Il faut que vous laissiez Mathieu vous trouver. Puis il faut que vous me laissiez vous trouver.
- Cela arrangera notre situation?
- Eh bien, je pense qu'il n'y aura alors qu'un seul mort.
- Ce serait en effet une solution de moindre mal. Mais ne peut on pas trouver une solution ou personne ne perdrait la vie?
- Non. Il y a forcément un perdant. Mais avec ma solution il n'y en aura qu'un seul alors que dans d'autre cas, il y en aura deux.
Après quelques secondes de réflexion le médecin répond qu'il accepte. Il l'a rappellera bientôt pour lui dire où le trouver. Puis sans perdre de temps Laurent Rainu sort de chez lui en prenant bien garde à ne croiser personne dans la rue qu'il ne reconnaîtrait pas.

Mathieu n'a toujours pas trouvé de solution acceptable. Mais il doit trouver le médecin. Il veut survivre. Le reste il verra après. Il pensait tout à l'heure avoir repris ses esprits mais finalement il ne peut plus penser. Ses plans s'embrouillent et il ne trouve pas de réponses valables. De plus il n'arrive pas à joindre Émilie. Ça l'énerve encore plus. Ses pensées se bousculent entre elles. Il ne veut pas mourir. Mais il n'arrive pas à trouver une solution lui permettant à coup sûr à lui et Émilie de survivre. Et puis il aime beaucoup son médecin. Finalement il déambule dans les rues, incapable d'agir. Il ne se dirige même plus vers le cabinet du médecin. Mais son téléphone sonne!
- Oui... lache-t-il dans un soupir après avoir constaté que le numéro s'affichant lui était inconnu.
- C'est le docteur Rainu.
- Docteur! Ce papier! Ce n'est pas un jeu!
- Je sais on m'a déjà expliqué. J'ai une solution qui satisfera tout le monde. Tu connais le vieil hangar abandonné je crois.
- Euh, oui. Mais comment le savez vous?
- Tu t'y étais blessé quand tu avais huit ou dix ans! héhéhé! Mais il faut que l'on s'y voit rapidement. Disons à quatre heure.
- Dans vingt minutes? J'y serais!
- Parfait! A tout de suite.
Mathieu ne savait quoi penser de tout ça. Mais il avait confiance dans son médecin et après tout n'était ce pas là ce qu'il voulait?
Un quart d'heure plus tard il est dans le hangar. Il y attend cinq minutes. Puis retentissent des coup de klaxon. Il sort lentement en s'arrangeant pour ne pas être visible de la voiture. C'est un Taxi. Est ce que le médecin veut le voir sans être vu? Quelle bonne idée que la voiture! Il fait nuit noire encore à cette heure. Mais la lumière est allumée dans la voiture et Mathieu peut distinguer sans problème le médecin à l'intérieur. A quoi tout ceci rime-t-il? Il s'approche alors de la voiture mais à peine a-t-il toqué au carreau qu'elle démarre en trombe. Le médecin avait les yeux fermé. "Mais c'était quoi ça encore!"

Émilie reçoit un coup de téléphone à quatre heure et cinq minutes. Il lui demande d'aller au hangar abandonné où il lui a laissé des instructions par écrit. Elle décide de s'y rendre. Il lui faut un peu de temps pour atteindre l'endroit. Elle ne le connaît pas particulièrement. Ce n'est que vers les cinq heures du matin qu'elle y parvient. Mais elle alors qu'elle s'avance dans l'obscurité, elle reconnaît immédiatement la voix qui l'interpelle:
- Emilie!? Mais qu'est que tu fais ici!
- Mais! Non! Qu'est ce que toi tu fais ici!! Mais à quoi joue le docteur Rainu! Tout mon plan tombe à l'eau maintenant!
- Ton plan?
- Laisse tomber.
C'est alors que tous deux remarquent un bruit derrière eux. Ils se retournent et reconnaissent tous deux le docteur Rainu.
Mathieu pense alors qu'il est mort. Il a été trouvé par les deux autres chasseurs avant trois heures de jeu. C'est fini pour lui. Mais rien ne se passe. Et c'est le docteur Rainu qui tombe.

Personne d'autre. "Ainsi la mort du docteur Rainu suffisait? " pensent-ils tous les deux.
Emilie, se jette sur ce qui est maintenant le cadavre du docteur Rainu.
- Mais pourquoi?! Vous m'aviez pourtant dit être d'accord avec mon plan! C'est MOI qui devrait être là!
- Quel plan!?
- Ça ne te regardes pas!
- Bien sûr que si! Pourquoi tu devrais te sacrifier? Je ne comprends pas ce qui c'est passé, mais tu es en vie! Et moi aussi! Réjouissons nous de cet état de fait! C'est déjà un miracle!
- T'es vraiment qu'un sale égoïste!
- Je devrais avoir honte de vouloir vivre?
- Si c'est au prix d'autre vies? Oui!!
Emilie est en pleurs. Elle appréciait son médecin. Il lui avait souvent remonté le moral. Il l'avait toujours conseillée avec sagesse. Il l'avait crue quand elle se plaignait de maux de ventre insoutenable alors que tout le monde commençait à s'agacer de ses douleurs. Finalement elle avait une tumeur non maligne mais qui était sur le point de dégénérer. Cet homme lui avait sauvé la vie. Et voilà qu'il est étendu sur le sol. Alors bien sûr elle pleure. Dans la main du médecin, Mathieu qui malgré ses mots est lui aussi complètement effondré découvre une lettre qui leur est destinée.

samedi 27 juin 2009

Chapitre 2: La chasse.

"Putain! Nan! Nan! FAIT CHIER!!" Mathieu vient de poser le pied sur une feuille. Et comme trois jours auparavant il n'avait rien laissé traîner la veille. Il est encore crevé. D'ailleurs son réveil n'a même pas sonné. Après un rapide coup d'œil vers ce dernier il comprend pourquoi: il est cinq heures trente. Mais plus que son réveil bien trop précoce, ce sont les derniers jours qui l'ont épuisé. Entre les interrogatoires par les policiers pendant la garde à vue, ceux par son entourage, il lui a fallu mentir à quasiment toutes les questions. Allez expliquer que quelqu'un meure parce qu'il n'a pas vu une personne en premier! C'est de la folie. Tout ce qu'il espère c'est que sa copine a fait de même. Personne n'irait la croire et elle se décrédibiliserait. Mais pour l'instant il lui faut réussir à se reconcentrer, ce "jeu" n'est pas une plaisanterie, sa vie est en jeu et cette fois ce n'est plus pour sauver la fille qu'il aime (et qui l'a plaqué depuis la révélation du policier qu'il n'a pas eu le courage de nier) mais pour c'est pour sauver sa peau qu'il devra chasser. Car il est chasseur dans cette partie. Maintenant qu'il a les règles en tête il ne perd plus de temps. Il s'habille en quelques secondes et court vers le téléphone. Il veut joindre la cible qui n'est autre que sa proviseur, Madame Ophélie Suarez. Elle décroche rapidement.
- Madame, vous avez reçu un document n'est ce pas? Alors ne sortez pas de chez vous. Vous feriez une victime inutile. Je peux vous assurer qu'une personne viendra vraiment à mourir si vous tentez le diable!
- C'est une blague? Et qui êtes vous?
-
Mathieu Garron.
-
Mathieu? Il m'avait bien semblé reconnaître ta voix. Ça ne te ressemble pas ce genre de blague.
- Ce n'est pas une blague. Vous avez entendu parler du policier qui est mort chez Émilie?
- Oui. Il était venu me voir à propos de Clémentine.
- Pareil. Et bien ce policier, je ne l'ai pas tué par légitime défense comme j'ai pu le dire. Même si je peux être considéré comme en partie responsable de sa mort. Il était chasseur lors de la précédente partie. L'autre chasseur était Émilie. Et la cible; c'était moi. Je me suis arrangé pour qu'Émilie me voit avant le policier, bien qu'elle ne le voulût pas.
- Et si on ajoute cette mort dont tu as été témoin le matin même...
- Oui. C'est crédible pour une personne qui reçoit le billet. D'ailleurs mon titre à changé:
Bonne chasse!!
- Le mien est...
- Bienvenue dans H. G. Reste à savoir ce qu'est H. G. précisément. Et comment ils peuvent nous tuer si facilement. Vous allez rester chez vous?
- Tu as vu aussi qui est le deuxième chasseur n'est ce pas?
- Romain
Stabinski.
- Le père de Clémentine...
- Je sais. Restez chez vous.
- Tu peux venir avant que les trois heures soient écoulées
Mathieu.
- Je verrais. A tout à l'heure.

Il décide d'aller directement voir le père de Clémentine, ce dernier n'habitant qu'à une minute de chez lui. Rapidement il est devant cette maison et frappe. Après plusieurs semonces, il fait le tour de la maison et toque directement à la fenêtre de Romain
Stabinski. Ce dernier est plus que surpris de voir le lycéen entrer directement par la fenêtre qu'il vient d'ouvrir.
-
Mathieu? Mais qu'est que tu fais là?
- Vous avez bien reçu le papier?
- Ça vient de toi!
- Vous avez tous la même réaction. C'est affligeant. Mais non ça ne vient pas de moi. Et c'est sérieux.
Il lui explique de la même façon qu'à la
proviseur la situation.
- C'est tout de même difficile à croire! Tu donnais des cours à ma fille et je te tiens en bonne estime mais là tu me demandes trop.
- Prenez deux minutes pour réfléchir. Est ce que mes arguments ne sont pas logique? Si. Ils le sont. L'un de nous trois va mourir. C'est ainsi.
- Et alors que proposes tu?
- Rien. La dernière fois la vie de ma copine passait avant tout mais cette fois c'est plus compliqué. Je ressens maintenant ce qu'à pu ressentir Émilie. Je n'aime pas cette idée d'être
responsable de la mort de quelqu'un par mes actions réfléchies. Mais je ne veux pas mourir.
Le silence s'installe. Et plus rien ne le trouble pendant de longues minutes. Finalement Romain
Strabinski prend la parole:
- Il semblerait logique que ce soit toi qui survive. Tu es plus jeune. Et en sortant d'ici personne ne risque de mourir parce que tu croises son regard et que tu n'y reconnais aucun trait connu. Et puis franchement, j'ai perdu le goût de vivre depuis la mort de Clémence. Voir ma femme partir avec un inconnu m'avait déjà bien secoué, mais découvrir le corps de sa fille dans son bain le sang semblant encore lui jaillir des poignets... C'est tout aussi bien.
- Je dois vous avouer quelque chose. J'ai été intime avec Clémence. Mais il me fallait choisir entre votre fille et
Émilie. Et j'ai fait mon choix.
- Quand?!
- Un peu avant Noël.
- Tu veux dire: UN PEU AVANT QU'ELLE NE SE SUICIDE!!!
Sur ces mots il fond sur
Mathieu, le regard halluciné. "Sale petit enfoiré! D'abord tu t'occupes de ma fille dans mon dos et finalement tu la tues!!"
Dans la
débâcle, le lycéen lui met un coup, plus par peur que par volonté de faire mal. Le père en rage, commence à le battre, mais la surprise est maintenant passée et Mathieu regagne son sang froid tout en se protégeant des coups maladroit de cet homme encore si calme quelques secondes auparavant. Mathieu pensait faire ce qu'il fallait en racontant la vérité au père en furie, mais il ne le pense plus maintenant. Il veut juste s'en sortir. Il parvient à repousser Romain Strabinski mais ce dernier revient vers lui. Mathieu hurle:
- Ta fille était un sacré bon coup!!
Comme prévu par lui, le père ne se contrôle plus et se jette à l'aveugle sur sa proie, mais la proie est devenue le chasseur, il se couche au sol, tout en plaçant la paire de ciseaux qu'il a pu ramasser dans l'agitation entre lui et son agresseur. Le sang gicle, asperge
Mathieu dégoûté.
Il laisse là le corps du père d'une famille désormais éteinte au grand complet. Il lui faut absolument sortir sans être vu. Les policiers retrouveront son
ADN un peu partout mais il n'a pas saigné dans cette confrontation. Il nettoie les ciseaux avant de les tremper de nouveau du sang du mort et de les laisser dans la marre de sang qui s'est formée s'échappant de la gorge du deuxième chasseur.
Puis il sort par une porte après avoir fermé la fenêtre et vérifié que tous les accès étaient bien
verrouillés. Il ferme à clé. Il porte toujours les gants de cuir qu'il a trouvé sur la commode et enfilé pour ne pas laisser d'empreintes à un endroit où il n'aurait pas du se trouver. En effet bien qu'il passa régulièrement chez Romain Strabinski retrouver des traces de lui dans la maison toute entière eu put paraitre suspect. Il s'entendait bien avec cet homme et ils avaient plus ou moins sympathisé alors qu'il donnait officiellement des cours de soutien à Clémentine. Depuis la mort de cette dernière il avait continué à se rendre chez lui plus par politesse que par envie. Il devrait d'ailleurs passer plus tard en se faisant bien remarquer des voisins cela dissiperait les soupçons qui pourraient se poser sur lui. Avec un peu de chance on croirait à un suicide.
Dans sa poche,
Mathieu qui se dirige vers la maison de la proviseur fait glisser ses doigts sur le papier qu'il a pensé à prendre avant de quitter le lieu où il venait de tuer quelqu'un. Et sur lequel est écrit: Bienvenue dans H. G.

vendredi 26 juin 2009

Chapitre 1: Bienvenue dans H. G.


Mais que... Ça n'a pas marché?!


La sonnerie du réveil le fait sursauter. Mathieu Garron, dix sept ans a toujours eu le réveil difficile. Ce matin il le sera plus encore. Il émerge tranquillement de son sommeil, pensant avoir à vivre une journée comme les autres. Il se trompe et il vient de mettre le pied sur l'élément perturbateur en quittant son lit. Son pied qui chiffonne une feuille dont il ne souvient bien évidemment pas l'avoir laissé traîné la veille. Après un rapide coup d'œil il blêmit. Il vient de reconnaître son visage sur une des photos apparaissant sur le document. Il le regarde mieux. En guise de titre il peut lire:
Bienvenue dans H. G.
Des règles suivent:


-
H. G. est un jeu où des chasseurs doivent trouver des cibles.
- Si tous les chasseurs ont trouvés une cible avant que trois heures de jeu se soient écoulées alors la cible perd.
- Le dernier chasseur à n'avoir pas trouvé une cible perd.
- Si les cibles sont éloignées de plus de trente kilomètres des chasseurs alors tous perdent.
- La partie prend fin après vingt quatre heures*.

Il peut y avoir plusieurs cibles, plusieurs chasseurs. Et tout ce qui ne contredit pas les règles est possible.

Petit détail pour rendre le jeu plus intéressant: perdre signifie mourir! Amusant non?
Pour preuve la première personne que vous ne connaissez pas qui aura le malheur de vous rencontrer périra!!
Bonne partie!!

La photo de Mathieu est accolée à ses nom et prénom. Dans la catégorie "Cible(s)".

Plus bas figure la catégorie "Chasseurs". Il connaît les deux personnes y figurant: Sa petite copine et un policier qu'il avait eu l'occasion de croiser.
Il est avec sa copine, Emilie Graçin, une jolie jeune fille de 17ans elle aussi, depuis deux ans. Le policier, Albert Rémy selon le papier, n'est pas partie de ses connaissances proches. Mais il lui avait déjà parlé à propos d'une affaire. Un moment dont il préfère ne pas se souvenir.
Il a passé ainsi dix minutes à lire cette missive. Finalement il la jette dans la poubelle qu'il a accroché au mur de façon à en faire un panier de basket, en accompagnant le tout d'un "N'importe quoi!".
Quelques dizaines de minutes plus tard, il part pour le lycée. Il croise son vieux voisin et en profite pour l'aider à sortir ses poubelles. Il ne pense plus à cette mauvaise blague quand il croise une jeune fille qu'il n'a jamais vue. Elle est plutôt jolie et il ne peut s'empêcher de se retourner pour la regarder de nouveau. Mais la jeune fille tombe sous ses yeux. Il se précipite vers elle, mais elle ne respire plus. Il appelle les secours tout en tentant de la réanimer. La foule commence déjà à s'amonceler. Mais rien n'y fait le coeur ne repart pas. Les secours arrivent assez rapidement, et le médecin le repousse assez brutalement, pour le remplacer. Ils l'emportent rapidement.
Mathieu reste là plusieurs minutes sans pouvoir réagir. Il sait que la jolie jeune fille est morte. Le temps que les secours arrivent elle avait déjà cessé de respirer depuis une dizaine de minutes. "Elle est morte" se dit-il.
Deux minutes plus tard il fouille sa poubelle. "C'était quoi ces règles déjà!". Après une relecture plus attentive, il commence à paniquer sérieusement. La première chose à laquelle il pense c'est de quitter sa maison est au plus vite. Ensuite se planquer pour réfléchir posément. Il se souvient d'un endroit où il allait souvent jouer quand il était jeune, une sorte de hangar désaffecté depuis longtemps. En dix minutes il y est.
"Personne ne me trouvera ici. Je suis tranquille. Et j'ai une vue sur les alentours. Mieux encore avec l'obscurité qui règne ici je peux sortir sans être vu par quelqu'un qui serait entré." Il essaye de parer à toute les éventualités. Il ne comprend pas bien pourquoi il ne perd plus s'il est découvert après trois heures par les deux chasseurs. Mais après tout une fois ces trois heures passées il sera sauvé! Alors pas de problèmes pense-t-il.
Voila un peu plus de trois heures que la "partie" a commencé. Son téléphone sonne. C'est sa copine.
- Allo?
- Mathieu... quelqu'un est mort devant mes yeux. Je...
- Toi aussi tu as eu le papier?
- Avec les règles? Oui. Je ne sais pas quoi faire!
On entend ses sanglots à travers le téléphone.
- Ne fais rien, tout simplement. Si personne ne me trouve personne ne meurt! J'ai juste 24 heures à attendre!
- C'est ce qui me semble le mieux aussi.
- Je vais devoir te laisser, je n'ai pas énormément de batterie et je voudrais la conserver au cas où. Emilie... Je t'aime. Soit forte. A demain.
- Je t'aime... bye...
Ses sanglots sont repartis de plus belle. Il est difficile pour Mathieu de rester sans rien faire dans une telle situation. Il en vient presque à vouloir aller la voir pour la rassurer. "Tant pis pour le flic" se dit-il bien que ne le pensant pas vraiment.
Les heures passent. Il ne reste plus qu'une heure avant la fin de la partie. Mathieu se sent très excité à l'idée d'avoir gagné, car, se dit-il, il a sauvé tout le monde! Il a besoin de ressentir ce triomphe aussi il décide de relire les règles comme un pied de nez envers le psychopathe ayant créé ce jeu. Sa lecture finie, un sourire béant sur le visage, il plie le papier mais cette fois, contrairement aux autres, il garde les yeux sur la feuille comme pour mieux vivre son triomphe; mais son regard prend vite une toute autre expression. Voici ce qu'il voit:

* Si personne n'a trouvé toutes les cibles avant vingt quatre heures, les chasseurs perdent.

"Mais d'où il sort cet astérisque!? Merde!! Merde!!" C'est sur ces invectives qu'il rallume son portable. Plus de cent appels en absence. Plusieurs messages sur son répondeur: Émilie avait relu attentivement avant lui. Il n'a pas le temps de la rappeler que déjà son téléphone sonne. C'est évidement Émilie qui panique complètement. Elle refuse qu'il la voie. Elle ne veut pas causer la mort de quelqu'un. Elle dit adieu à Mathieu et raccroche. Elle a évidemment éteint son portable.
En quelques secondes il est sorti du hangar et se dirige en direction de la maison d'Emilie. Il considère en avoir pour un quart d'heure tout au plus en courant. Il se sous-estime, dix minutes plus tard il tourne pour entrer dans la rue où elle vit. Mais une voiture un peu plus loin, lui saute au visage. Il y a longtemps qu'il vient voir sa copine chez elle, mais il n'a jamais vu cette voiture. Étant entré dans un cycle paranoïaque, il pense immédiatement que c'est le policier. "Évidemment! Il ne m'a pas trouvé alors il s'est dit que nous chercherions à nous rencontrer pour quelle puisse rester saine et sauve! Mais ça veut aussi dire qu'Emilie est encore chez elle!!"
Il décide alors de passer par les jardins derrière les maisons. C'est risqué car les chiens sont nombreux et il aurait vite fait de se faire remarquer. C'est d'ailleurs ce qui arrive alors qu'il n'est plus qu'à deux maisons de son but. Il court le plus vite possible, manque de se faire mordre à la jambe mais parviens à sauter la barrière. Il continue le plus vite possible, le policier l'a forcément entendu! Il grimpe le plus vite possible le long de l'arbre le plus proche de la maison d'Émilie. De là saute sur le balcon, prend une chaise et explose la porte-fenêtre, il entend une fois qu'il est entré des aboiements venant de dehors, un homme hurler de douleur et un coup de feu retentir. "Le policier s'est fait intercepter par un chien qui lui s'est pris une bastos" pense-t-il. Il court vers la chambre de sa copine dans laquelle il a beaucoup de très bons souvenirs. Défonce la porte. Elle n'est pas là!! "Merde!!" lâche-t-il. donnant par la même occasion sa position au policier traînant la jambe. "La cave! Elle est à la cave!"pense-t-il. "Elle se réfugie toujours à la cave quand ça ne va pas. Sa petite sœur me l'a dit! Je m'en souviens!" Il déboule les escaliers. Le policier l'entend. Il est à l'autre bout de la maison et il a peur que le lycéen, s'échappe par la porte qu'il a forcée se situant juste à coté. Il sait qu'avec l'état de sa jambe il ne pourra pas entamer une poursuite. Il entend les pas du lycéen se rapprocher. Il y sera à temps! Ça y est! Il est là!
Mais le policier ne voit rien, une couverture lui recouvre le visage. Mathieu savait que le policier l'attendait plus bas, il vient de lui lancer une couverture s'empare d'une coupe que le père d'Émilie a gagné il ne sait plus comment, et donne un gros coup sur ce qui lui semble être le crâne du policier. Puis reprend sa course vers la cave, dont la porte se situe à l'endroit même où le policier se tenait quelques secondes auparavant. C'est une simple porte en bois d'un coup de pied il fait sauter la serrure et rentre en tombant dans sa précipitation. Il lève les yeux pour croiser le regard d'Émilie, en larmes. Il tourne la tête et voit le policier dans l'encadrure de la porte. Le coup ne l'avait pas touché à la tête mais à l'épaule. Albert Rémy comprend tout de suite qu'il a perdu. Avant de s'effondrer il souffle: "Ton copain là, il sortait avec Clémentine Stabinski l'année dernière..."