mardi 30 juin 2009

Chapitre 5: Etre convoqué chez le proviseur n'est jamais bon signe.

"Madame, je dois vous demander de mourir."
Il n'a pas hésité une seconde dans son débit. Il est sûr de son fait. A l'autre bout du fil sa proviseur, Madame Suarez ne bronche pas. Elle sait que cette journée sera sa dernière.

Quelques minutes plus tôt, Émilie s'était réveillé. Son sommeil avait fortement pâti des derniers évènements. Elle essayait de se montrer forte devant sa famille, elle voulait faire honneur au Docteur Rainu. Mais toute la bonne volonté du monde ne peut rien contre les insomnies et ses nuits se résumaient à de courtes périodes de sommeil agité dont chaque réveil était une torture, tant elle craignait de voir de nouveau apparaître la feuille qui entraînerait encore les horreurs de la mort et des spéculations toutes aussi morbides. Mais jusque là seul son coeur battant à tout rompre la tenait éveillée après ces réveils difficiles. Jusque là. Car cette fois ci, sa main avait attéri directement sur un papier posé sur son lit. Elle espéra bien que ce n'était pas l'objet de ses craintes. En vain.

Cibles: Ophélie Suarez; Ludivine Graçin
Chasseurs: Mathieu Garron; Emilie Garçin; Ludivine garçin.


"Ludivine? Mais pourquoi!? Pourquoi ma petite soeur doit-elle prendre part à cette folie!! Elle n'a que quinze ans! Bandes d'enfoirés!" Elle se retint de hurler. Elle aurait pu faire accourir sa soeur et elle ne voulait surtout pas trouver sa propre soeur!
Elle doit prendre contact avec les autres!

Ludivine se réveille doucement. Il est trop tôt. Un papier la gêne. Dans deux heures elle devra être en cours mais elle peut encore dormir une demi heure. Elle s'était déjà réveillée quelques minutes auparavant. Quelques minutes passent. Il est maintenant six heures. Elle s'étire longuement. Le papier la gêne de nouveau, elle suppose qu'elle s'est endormi en révisant. Elle met donc le document dans son sac sans même y jeter un œil puis elle descend prendre son petit déjeuner.
- Emilie n'est pas là, maman?
- Non, elle est partie en avance. Elle avait des choses à faire.
- A six heures du matin? Vous laissez vraiment tout passer!
- C'est un entraînement.
- Pour quel sport?
- Tu lui demanderas quand tu la verras. Dépêches toi plutôt de manger, on sait toutes les deux combien de temps il te faut dans la salle de bain!
- Mouais...
Comme prédit par sa mère, elle met trop de temps dans la salle de bain et doit se dépêcher pour avoir le bus. Il est sept heures quarante cinq, quand elle monte dans le bus qui l'emmène au lycée. Le temps passe vite. Elle discute avec ses copines de classe, de tout et de rien. De Twilight, du fait qu'elle ne trouve vraiment pas le vampire beau, qu'elle préfère amplement Brad Pitt dans Entretien avec un vampire. Le bus s'arrête. Tout le monde descend. La grille du lycée n'est pas bien loin. Un murmure commence à prendre dans le groupe d'élèves. Le motif ne tarde pas à apparaître au yeux de Ludivine, en effet la proviseur attend devant la grille! "Mais pourquoi elle est là?" lui demandes un garçon, "Ce que j'en sais!". Elle ne prend pas la peine d'être sympa avec les garçons. Elle n'en chérie qu'un seul. Le problème étant que ce garçon est aussi le copain de sa soeur. Mais apparemment les choses ne vont plus très bien. Elle se dit qu'elle aura peut être sa chance. Il s'est toujours montré très sympa avec elle. Il est en plus particulièrement beau. Pas une beauté commune, mais un visage fin, des cheveux assez long coiffés au gel. Blond. Un style très travaillé. En plus elle le trouve très intelligent. Elle se sait jolie, mais sa soeur l'est encore plus. "Déjà elle à plus de poitrine... Mais normalement à son âge moi aussi." Mais ses rêveries s'interrompent brusquement. La proviseur vient de la nommer et la sommer de la suivre! "Pourquoi moi?!" se dit-elle. Mais elle suit la proviseur sans mots dire. Elles arrivent bientôt dans son bureau.
- Rassure toi tu n'as rien fait de mal, Ludivine.
- Ah! Mais pourquoi est ce que vous voulez me voir alors?
- Tu étais amie avec Clémentine Stabinsky n'est ce pas?
- Oui. Pourquoi vous me parlez de Clem?
- Parce que je n'aurais peut être plus jamais l'occasion de le faire. Je sais qu'elle ne m'aimait pas.
- C'est que...
- Tu peux parler.
- Vous étiez toujours sur son dos! Quoi quelle fasse, même si elle n'était pas la seule à faire des conner... euh des bêtises, c'était toujours pour elle!
- Pourquoi d'après toi?
- Vous ne l'aimiez pas...
- C'est pourtant faux. Clémentine était peut être l'élève dont je me suis sentie la plus proche de toute ma vie.
- On aurait pas dit.
- Tu sais aussi bien que moi qu'elle était très influençable, Ludivine. D'ailleurs, tu ne la suivais que rarement quand elle allait trop loin. Tout ce que je voulais c'était l'empêcher de commettre l'irréparable. L'empêcher de gâcher son avenir. Mais elle le prenait tellement mal, que je me suis retrouvée désemparée.
- Oui. On peut dire qu'elle le prenait mal. Elle rentrait souvent en pleurant après être passée par votre bureau. Mais un jour elle m'a dit que vous ne la grondiez quasiment pas ces fois là. C'est vrai.
- A partir d'un certain âge, gronder, ça ne fonctionne plus, il faut faire comprendre. Et dans le fond, Clémentine comprenait. Mais maintenant qu'elle est morte... Je me demande si j'ai bien joué mon rôle.
- Vous vous posez trop de questions. Elle a toujours été triste vous savez. Et son père ne s'occupait pas d'elle, elle lui rappelait trop sa mère d'après Clémentine. Il ne faisait que travailler. Et pour l'aider dans ses devoirs il payait des amis à elle.
- Comme Mathieu.
- Un peu mais il y en a qui y allaient plus souvent. Et puis elle n'avait pas l'air très contente quand Mathieu passait chez elle. Et lui il n'aimait pas trop ça non plus... Je crois...
Un silence gêné s'installe.
La sonnerie de début de cours retentit.
- Il faut que j'y aille Madame!
- Non non. Pas tout de suite. ne t'inquiète pas. Ils ne vont plus tarder beaucoup.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre violemment, et une personne est jetée tout aussi violemment dans le bureau. Elle se tient les oreilles et ferme les yeux de toutes ses forces, à tel point que Ludivine manque de ne pas reconnaître sa sœur.
- Emilie! Mais qu'est que tu fais?! Relèves toi!! C'est la honte ce que tu fais!!
Il est huit heures et douze minutes. La partie a commencée à cinq heures et trente trois minutes.
La proviseur se dirige vers Emilie et de force l'oblige à enlever ses mains de ses oreilles, puis lui glisse à l'oreille: "tu sais très bien que je suis Ophélie Suarez ta proviseur". Sur ces mots elle s'effondre.
Les cris de Ludivine transpercent les tympans d'Emilie.
Emilie ouvre donc les yeux et prend sa petite soeur dans ses bras, elle regarde à travers ses larmes le corps de sa proviseur. Ainsi donc Mathieu l'avait déjà rencontrée comme elle s'en doutait.
Sa petite soeur est sauvée. Mais à quel prix! Le garçon qu'elle aime plus que tout va lui aussi mourir dans les minutes qui viennent. Mais que faire? Elle ne peut laisser sa soeur toute seule dans cette situation. Heureusement le proviseur adjoint vient d'arriver avec quelques surveillants. Elle leur confie sa soeur, lui promet de revenir tout de suite et part en courant.
Elle décide d'appeler Mathieu. Mais alors que les premières tonalités se font entendre, elle perçoit la sonnerie de ce dernier derrière les sapins. Mais bien sûr c'était là déjà qu'il se cachait quand il voulait réfléchir au calme au lycée!
Il a éteint son portable. Mais elle peut déjà le repérer. Elle suit les sons diffus qui lui arrivent par à-coups et tombe sur celui qui était son petit ami depuis deux ans. Qui l'avait trompée. Qui venait de sacrifier pour la sauver elle et sa petite sœur. Et qui tremble maintenant de tout son corps secoué par des sanglots qu'il tente de réprimer. Il est assis par terre. Il ne la remarque même pas. s'assoie alors contre lui.
- Merci, Mathieu.
- ...
- Merci de m'avoir sauvé la vie et celle de ma petite soeur.
- J'ai peur.
Elle comprend à peine ses paroles. Mais assez pour le prendre dans ses bras.
- Emilie. Je suis désolé! Je suis tellement désolé. Je l'aimais tu sais! Moins que toi, mais je l'aimais! C'était tellement difficile de choisir! Et puis elle était "nouvelle". Je suis tellement désolé. J'aurais tant voulu être à ta hauteur. Et même maintenant alors que j'ai décidé que toi et ta soeur étaient prioritaires, je meurs d'envie de monter la haut pour aller trouver ta soeur avant que les trois heures soient passées! Et je suis ici, à pleurer. J'ai peur. Tellement peur. Je ne peux pas mourir! Ce n'est pas possible! CE N'EST PAS POSSIBLE!!
Ses sanglots redoublent d'intensité.
- Emilie. Je t'aime. Je n'arrive pas à croire que tu ne m'aimes plus.
- Qui a dit que je ne t'aimais plus.
- Tu m'as largué. C'est assez significatif.
- J'étais en colère. Mais je t'aime Mathieu. Et je ne dis pas ça parce que tu seras mort dans quelques minutes. Si tu veux savoir, j'hésite moi même à t'amener de force devant ma soeur. Peu importe que tu m'aies trompé maintenant.
Mathieu regarde alors sa montre. Il blêmit.
- C'est pour bientôt.
Les larmes lui montent aux yeux. Mais Emilie l'embrasse. Passionnément. Mathieu veut lui rendre son baiser, mais il tombe. Il est huit heures trente quatre. Dans sa poche un document a pour titre: Dernière partie Mathieu?

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