mercredi 1 juillet 2009

Epilogue.

Mais que... Ça n'a pas marché?

C'est la première pensée que j'ai eu après être devenue ce que je suis maintenant. Ce que je suis? Difficile à dire. Je n'ai pas de corps. Pourtant j'ai des sentiments. J'ai même encore plus de sentiments. Je n'ai rencontré aucune autre âme étant dans le même état que moi. Car c'est probablement ce que je suis, une âme. Mais je n'ai pas perdus tous liens avec le concret. Je peux maintenant manipuler la matière. Pas de façon très importante. Mais je peux créer des choses à partir d'atomes. Je peux aussi les briser.
Et j'en ai brisées. Beaucoup. J'ai brisé les veines les plus importantes dans le cerveau de huit personnes. Sur ces huit personnes, deux m'étaient inconnues. Mais je n'avais que faire des dommages collatéraux. Je voulais juste qu'ils paient. Ce policier qui fouinait partout! J'ai pris beaucoup de plaisir à le tuer, d'autant plus que je le faisais devant Émilie!!
En ce qui concerne le Docteur, celui là m'a bien contrarié! J'ai broyé son cerveau tant j'étais en colère contre lui! Il a détruit tout mon plan. J'ai du tout revoir. Mais je me doutais qu'il serait agaçant. Je me souviendrais toujours de cette façon qu'il avait eu pour m'annoncer que j'étais enceinte. Comme s'il comprenait! Comment aurait-il pu comprendre!! C'était un mec! Comment un mec aurait pu comprendre ma situation! Et ses interrogatoires! Dire que j'ai craqué et que je lui ai révélé le père!
Entre les deux ce dernier avait tué le mien, de père à contre cœur, certes, mais c'était bien mieux ainsi. J'étais cependant presque déçue de n'avoir pas pu le faire. Il ne m'avait jamais prêté la moindre attention. Il ne me parlait que pour me rabaisser. Jamais de compassion. Jamais un mot gentil. Les seuls moment où il se comportait en père, c'était quand des gens étaient présent. Des personnes qui s'étonnaient que je sois si désagréable avec lui!!
Et puis Mathieu s'est sacrifié! Je ne pensais pas qu'il aurait le courage de le faire. Mais ça m'a saoulé. Par contre le tuer tout tremblant, alors qu'il voulait embrasser sa foutue copine, ah! Ça m'avait soulagé. J'ai souvent repensé à la façon dont il m'avait largué. Comme une merde! Genre il s'en foutait. Genre c'était normal! Il ne me laissait même plus lui parler. En public il me disait qu'il préférait ne pas me parler. Il me traitait comme si je n'étais rien! J'avais son enfant en moi et lui m'ignorait! Il m'avait fait l'amour des dizaines de fois, il s'était montré tellement gentil et d'un coup était devenu un salaud! J'étais vraiment contente de le voir trembler en pleurant. L'arrivée de sa copine m'a un peu déçue mais au final c'était encore plus plaisant de lui ôter ce qu'elle m'avait ôté, en sa présence. Elle a pleuré sur son corps jusqu'à ce que quelqu'un parvienne à les séparer. Je jubilais!
La proviseur finalement à coté, c'était moins bien. J'avais bien aimé le cri de Ludivine. La panique, tout ça. C'était sympa.
Et finalement les deux sœurs. Celle qui m'avait trahi. Et celle qui avait volé mon amour! J'ai longtemps espéré qu'une des deux craque. Mais rien n'y a fait. J'aurais vraiment aimé, expliquer à la dernière que j'étais derrière la mort de tous leurs amis! Mais finalement les laisser mourir, toutes seules dans leur coin, pleurant comme des gamines en écrivant leurs lettres, en se téléphonant, sans qu'elles ne sachent même pourquoi elles devaient mourir, cette sensation était tellement agréable que je n'ai pu me résoudre à l'interrompre. Et elles sont mortes comme les autres, sans savoir pourquoi.
Je suis allé à leur enterrement pour voir. J'avais l'intention de supprimer ceux qui me saouleraient. Mais devant toutes ces personnes en deuils, je me sentais bizarre. Je n'étais pas allé à mon enterrement. Mais d'entendre parler de ma mort comme regrettable et regrettée, ça m'a touchée. Alors j'ai écouté tranquillement. Sinon le proviseur adjoint serait mort aussi. Il m'a passablement énervé en parlant de Mathieu comme il le faisait. J'étais la seule à avoir le droit de le juger après ce qu'il m'avait fait. Mais j'ai été prise dans l'ambiance. Et les lettres ont été lues.
Je n'avais pas prêté attention à ce qu'elles écrivaient. Mais cette fois au travers des voix de ses filles que je connaissais un peu, surtout Louise, j'ai ressenti la pensée des deux sœurs.
Tout a alors changé. C'est un peu comme si j'avais porté des lunettes déformantes et que soudain quelqu'un le voyait et me les enlevait. Petit à petit j'ai pris la mesure de la situation. J'ai commencé à ressentir un malaise. Tous ces gens que j'avais tués sans même une hésitation, est ce qu'ils le méritaient vraiment?
La brèche ainsi ouverte, j'ai tenté de me leurrer de nouveau, mais dans leurs lettres Ludivine et Émilie parlaient de moi. Et ce qu'elles disaient était tellement vrai. L'image de Mathieu au sol, tremblant de peur, pleurant la fin de sa vie pour avoir fait quelque chose de courageux m'est alors revenue. Par la même occasion, mes souvenirs de lui revinrent. Ses caresses, ses mots doux, sa gentillesse avec moi. Et une discussion.
- C'est vraiment un connard ce type!
- Mais non, Clémentine. Au contraire.
- Mais t'as vu comment il a lâché sa copine!
- C'est qu'une série! haha!
- C'est pas le sujet, ça ne se fait pas.
- Au moins elle n'espérera pas pendant des lustres. C'est courageux au contraire je trouve de passer pour un salaud afin d'éviter à l'autre de souffrir trop longtemps et en vain.
- Mouais. Je ne suis pas convaincue...
Nous avions eu cette discussion après avoir vu un épisode d'une série pour ado dont je ne me souvenais plus très bien. Mais cette discussion était la pierre de rosette traduisant l'attitude de Mathieu.
Cette prise de conscience me fit très mal. Soudain, tout perdait son sens. Soudain des choses si simples devenaient compliquées. Soudain Ludivine n'était plus une sale garce, mais une fille triste, amoureuse du copain de sa sœur. Deux personnes qu'elle admirait ouvertement. Soudain sa crise de nerf pendant laquelle ma meilleure amie m'avait giflée et jeté hors de chez elle, prenait son sens. Elle aussi, comme moi, elle se voilait la face!
Et le docteur Rainu, qui s'était sacrifié sans même trembler. Pourquoi le voyais-je si mauvais? Il ne voulait que m'aider. Même la proviseur!

Et Emilie. Cette fille parfaite. Voilà qu'elle regrettait de ne s'être pas penchée sur le cas de celle là même qui l'avait tuée. Mais pourquoi? Pourquoi avais-je tuées toutes ces personnes! Pourquoi, voulais-je tuer mon propre père, certes pas un père parfait, mais pas non plus le plus mauvais!

J'avais tué mon amour. J'avais tué ma meilleure amie. J'avais tué mon médecin prévenant. J'avais tué un policier qui faisait juste son travail. J'avais tué une fille qui alors qu'elle ne me devait rien, s'excusait auprès de moi.

C'était trop. Je tombais en pleurs. Les sentiments se mélangèrent en moi. Ma tristesse ancienne était toujours présente. Ma colère aussi. Mais les nouveaux sentiments qui naissaient en moi étaient trop fort, comme s'ils avaient toujours été au fond de moi, compressés, secoués, violentés, et expulsés ils prirent l'ascendant. La tristesse, le remord, le regret. Le tout emmêlé me ravagea la conscience. Je partais dans un délire de douleur. Les images anciennes se liaient aux sons présents, Mathieu me regardait alors que je me réveillais. Puis il tombait entre les bras d'Émilie qui me disait alors bonjour gentiment en me croisant dans la rue avec sa sœur, puis s'affalait sur le sol, les yeux convulsés, les larmes sur les joues dans une position quasiment exacte à celle que Ludivine prit pour mourir, elle aussi. Mais elle se releva, les yeux blancs, un filet de sang lui coulant de l'oreille, elle disait:" Je suis désolée! Je suis désolée! Je l'aimais tant, mais je ne pouvais pas l'avoir!! Et toi, et toi tu l'as eu! Mais je suis désolée! Je ne voulais pas te gifler, ni te chasser mais mon corps bougeait tout seul!" Puis elle retomba. Les visages de tous ceux que j'avais tué et de mon père se mêlèrent criant de douleur, pleurant. Finalement les mouvements s'arrêtèrent après avoir formé un crâne. Je ne voyais que ses cheveux. Bruns. Ils bougèrent. Le crâne pivotait. Les pleurs retentissaient toujours plus fort. Je regardais ailleurs. Mais le nouveau visage ne disparut pas. Et ce fut le mien que je pu fixer dans les yeux. Des yeux larmoyants. Mon visage pleurait devant moi. Dans mes yeux je pouvais voir Mathieu, Emilie, Ludivine et les autres. Au sol se tenant la main. Puis le visage disparut. J'étais seule.

Seule avec ma tristesse. Seule avec mes remords. Seule avec mes regrets. En vérité je n'étais pas seule, car des humains pleuraient avec moi. Ma détresse était telle que je la leur transmettais. Mais je n'étais plus humaine. Je ne voulais plus que disparaître. Il était impossible de vivre avec une telle douleur. Si seulement je n'avais pas eu cette idée de Hunt's Game.

Mais voilà. Je ne suis pas humaine. Je ne peux pas mourir. Cette fois, je ne peux pas en finir.

FIN

1 commentaire:

  1. Oh! Déjà finie!
    En tout cas, je ne m'attendais pas vraiment à une telle fin.
    J'ai bien aimé l'idée que des gens reçoivent une liste de personne à abattre. S'ils ne le font pas, ce sont eux qui mourront.
    Mais je dois dire, que les règles de ce "jeu" sont assez compliquées à saisir. J'ai dû m'y reprendre à deux fois avant de piger!

    Et c'est dommage que tu n'en dévoiles pas plus.
    -Comment les papiers arrivaient aux participants?
    -Comment ces gens étaient-ils tués? En faisant éclatés les veines du cerveau. Oui, mais comment?
    Bref, tu as laissé des mystères planés sur ton histoire!

    En tout cas, la lecture fût agréable. Mais je pense que tu arais pu aller plus loin avec ton idée de départ. Elle n'est pas assez exploité à mon sens.
    Bon courage pour ta prochaine nouvelle ^^

    Sébulon.

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